Der Rote Elvis, Freiluftkino Friedrichshain, 27 Juillet 2007
Malgré une pluie menaçante et la fraîcheur inhabituelle pour une fin de mois
de juillet, l'équipe (restreinte) de la Gazette s'est rendue à l'avant-première
du film Der Rote Elvis
au cinéma en plein-air de Friedrichshain. 1h30 aux cotés de la star oubliée Dean Reed...
Bien plus qu'un hommage posthume à la star, le film de Leopold Grün dresse le portrait d'un
homme, dans toute sa complexité et ses paradoxes. Il nous dévoile les multiples facettes
de Dean Reed: son engagement politique sans borne, son rapport au succès, aux femmes, à
son pays d'origine et apporte des réponses sur sa mystérieuse disparition. On ne s'ennuie
pas pendant cette heure et demie, le réalisateur sait retenir l'attention du spectateur en
mélangeant habilement témoignages et images d'archives. Outre les informations
biographiques sur l'artiste, Der Rote Elvis présente un intérêt autant historique
que sociologique. Icône rock du monde soviétique à l'époque du rideau
de fer et de la guerre du Vietnam, Dean Reed a combattu les injustices et le capitalisme; il a ainsi
symbolisé pour beaucoup l'espoir d'un monde meilleur. Le film amène à réfléchir
sur des thèmes tels que les retombées du succès, l'engagement politique des artistes ou le
rapport d'un peuple, soumis à un régime totalitaire, à la musique. Cependant, comme le
précise Leopold Grün,"Der Rote Elvis n'a pas une vocation pédagogique, c'est avant tout
un travail artistique". Pour unifier la succession de séquences brutes propre au style documentaire,
il a choisi de confier la bande originale à Olivier Fröhlich et Jan Weber, les deux membres du
groupe Monomango.
Selon lui "le film avait besoin de sa propre musique". Le résultat est surprenant: libres adaptations
des chansons de Dean Reed et créations originales, la musique de Monomango crée une atmosphère
singulière, et apporte une autre dimension au documentaire.
Dean Reed était-il un grand artiste? L'important n'est pas là. Plus que le talent, c'est son
naturel et sa sincérité qui nous touche. Il nous rappelle qu'à une époque on s'est
battu pour défendre des idées. Quand, à la fin de la représentation, Maria Moese,
ancienne speakerine de la téle est-allemande et amie de Dean Reed, remercie l'équipe du film
d'une voix tremblante, les larmes aux yeux, l'émotion emplit l'amphitéâtre du Freiluftkino
et une pensée me traverse l'esprit ... l'authenticité serait-elle une valeur en voie de disparition?
Sarah Schwaab - 01.08.07
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